Sauver garçon de 14 ans
Facebook peut-il vraiment sauver ce garçon de 14 ans qui s'est pris 6 balles en tentant de sauver sa petite sœur des griffes de son beau-père pédophile ? Du reste, ce garçon existe-t-il vraiment ?
Jadis, on déposait un cierge devant l'autel de Sainte Rita de Cascia, la spécialiste des causes désespérées ; aujourd'hui, on partage un message sur Facebook, mais le résultat n'est-il pas foncièrement le même ? C'est ce qu'on peut se demander en voyant le succès que rencontre, depuis près d'un an et demi, ce message qui ne contient pourtant pas une once de vérité...
L'histoire est sirupeuse à souhait (un vrai glurge !) : un garçon de 14 ans se serait fait tirer dessus à 6 reprises par son beau-père alors qu'il tentait de l'empêcher de violer sa sœur en l'absence de leur mère. Heureusement, Saint Mark (Zuckerberg) et des apôtres anonymes auraient promis de reverser 45 centimes pour chaque apparition de l'histoire sur un profil, histoire de financer l'opération qui pourrait sauver le garçon !
L'ennui, c'est que si le réseau social a réussi à battre le FBI en constituant le plus grand fichier du monde, il n'est pas pour autant en possession de moyens plus efficaces que ceux du projet Echelon.
En clair : facebook est incapable de savoir qui a posté quoi sur son profil... Et donc de reverser 45 centimes par message posté !
Par ailleurs, si Facebook, qui n'est pas précisément une entreprise philanthropique, devait verser 45 centimes par victime mentionnée sur ses pages, il se retrouverait vite sur la paille ; comme les mystérieuses entreprises censées l'accompagner dans son action. Se poserait donc une question déontologique : pourquoi privilégier telle victime plutôt qu'une autre ?
Par définition, le partage de messages est imprécis, alors qu'il serait si simple d'appeler au don à chaque connexion d'un internaute sur le site. De plus, n'est-ce pas criminel de faire durer la collecte de fonds si longtemps alors que le garçon "lutte pour sa survie" ; ne faudrait-il pas l'opérer sur-le-champ ? Pourquoi également ne pas être plus précis sur les circonstances de l'agression en fournissant la date et le lieu ? Le rédacteur se contente de chiffres assénés comme des mantras : garçon de 14 ans, 6 coups de feu, petite sœur de 2 ans...
En vérité, je vous le dis, ce garçon n'existe même pas ! Nos collègues de HoaxSlayer n'ont retrouvé aucune trace d'un incident impliquant un garçon baptisé Dominic James Daggner (son nom dans certaines versions du message) et ceux de Snopes ont montré que l'histoire n'était qu'une reprise fidèle d'un canular plus ancien, qui mentionnait AT&T à la place de Facebook. On ne prête qu'aux riches !
Pas de garçon à sauver et aucun moyen de lui venir en aide par le biais de Facebook : juste un exemple éclatant de militantisme en pantoufles. Avec l'avènement d'internet et d'une seconde vie numérique, la volonté d'agir de certains semble devenue complètement virtuelle.
(Source : 30 comportements qu'il faudrait cesser d'avoir sur Facebook)
hoaxbuster
Rédacteur Hoax