Action contre les expulsions
Est-il possible de protester contre les expulsions d'étrangers en s'affranchissant des coûts générés par la politique de reconduite aux frontières ?
Imposons-nous ! Refusons de financer la politique d'expulsion des étrangers.
Contribuables français, il serait possible de peser sur la politique de votre pays. Une astuce permettrait de retirer de vos impôts la somme correspondant à la contribution pour la politique actuelle en matière d'expulsion des étrangers.
Canular, escroquerie ou démarche citoyenne ?
La dure réalité des expulsions
La vidéo vers laquelle pointe le message est très violente.
Derrière les mots des journalistes ou des politiciens au sujet de la politique d'expulsion se cache une réalité bien plus amère que l'on ne voie pas souvent sur nos médias. Les arrestations, pourtant publiques, sont musclées et les forces de l'ordre n'hésitent pas à employer la... force ! Les victimes de cette répression sont des étrangers mais aussi de simples passants assistant à la scène et qui, choqués, veulent témoigner de cette brutalité avec une vidéo prise au téléphone portable.
La plupart des personnes interpelées n'est pourtant pas constituée de délinquants ni de personnes potentiellement dangereuses pour la société mais de simples sans-papiers. Des "étrangers en situation irrégulière", qui tentent de survivre en faisant des petits boulots pour nourrir leur famille.
Ils ont des amis, des voisins, leurs enfants vont même à l'école... et c'est ironiquement à l'occasion de la sortie des classes que bon nombre d'arrestations ont lieu. Leur quotidien est extrêmement précaire, la source de leurs revenus provenant d'employeurs qui profitent souvent de leur situation de détresse pour les exploiter.
Que l'on soit pour ou contre la politique de reconduite à la frontière, force est de constater que la manière n'y est pas toujours. De nombreux cas de violences policières sont dénoncés.
Le fait de ne pas posséder de papiers fait-il perdre toute dignité humaine ?
Au pays des droits de l'Homme, certaines images font tâche...
Quand la France criminalise l'assistance aux sans-papiers
Pour lutter contre l'immigration clandestine, le code pénal français s'est doté de l'article 662-1 stipulant que "Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d'un étranger en France sera punie d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 euros".
Oui, vous avez bien lu, la France institutionnalise le "délit de solidarité" car si vous hébergez un sans-papier pour qu'il ne meure pas de froid dans la rue, vous encourez les mêmes peines qu'un "passeur" !
Le gouvernement a beau s'en défendre en affirmant que jamais personne ne s'est vu emprisonné pour être simplement venu en aide à un étranger en situation illégale, cette loi expose pourtant tous les membres d'associations de soutien aux sans-papiers.
Cette situation ubuesque, dénoncée en 2009 par le Manifeste des 144, est bien résumée dans le film Welcome de Philippe Lioret où un maître-nageur joué par Vincent Lindon se voit intimidé et inquiété par les autorités parce qu'il s'est lié d'amitié avec un jeune migrant illégal kurde désirant se rendre en Angleterre.
Légalité et moralité ne font pas toujours bon ménage, comme en témoigne Mathieu Kassovitz - pour rester dans le cinéma français - dans son film L'Ordre et la Morale sur le soulèvement kanak de 1988.
Alors ce message : bidon ou pas ?
La campagne "Imposons-nous !" n'est pas un canular même si elle utilise un petit effet peau de chagrin. En effet, il n'est évidemment pas possible de déduire une somme de ses impôts par conviction politique ni d'imposer de manière directe la façon dont on souhaite voir utilisés ses impôts. Mais la technique proposée est tout à fait légale et permet effectivement de retrancher 26 euros de son imposition lorsqu'on en dépense 39 pour un don - car il est possible de bénéficier d'une réduction d'impôt correspondant à 66% des sommes versées au profit d'organismes d'intérêt général.
Ce geste est certes symbolique mais l'initiative est louable et permet d'afficher pacifiquement son mécontentement.
Le fonds de solidarité "Les Partageux" existe bien et a été fondé par des militants associatifs connus et expérimentés. Il a pour fonction de rétribuer équitablement "différents projets retenus par le comité de sélection".
Comment obtient-on la somme de 26 euros par contribuable ?
En divisant l'estimation du coût de la politique d'expulsion par le nombre de contribuables français. Les chiffres clés utilisés sur le site pour ce calcul sont détaillés et sourcés.
Et si vous n'êtes pas imposable, rien ne vous empêche de participer quand même en faisant un don du montant de votre choix au fonds de dotation.
Alors que le message original ne semblait être destiné qu'à des membres d'associations luttant pour les droits des étrangers en situation irrégulière, le mouvement prend de l'ampleur et Stéphane Hessel, l'auteur du très médiatique Indignez-vous ! lui aurait même apporté son soutien. Alors si vous aussi vous sentez concerné-e, n'hésitez plus et faîtes croître le nombre de signataires !
Différencier activisme réel et militantisme en pantoufles
HoaxBuster est souvent confronté à des emails prônant des cyber-actions pseudo-militantes. Comment faire le tri dans les messages en circulation ? Comment savoir si l'action a du sens et profitera bien aux intéressés ?
Le comportement à proscrire est de transférer un message à tout son carnet d'adresses sans chercher à connaître sa véracité, puis de "reprendre sa vie d'avant". On se donne bonne conscience tout en polluant gaiement ses contacts et avec un contenu erroné ou mensonger dans la plupart des cas.
De plus, il faut bien reconnaître qu'une action individuelle, aussi bonne soit-elle, est vouée à l'échec si elle ne se concrétise pas. Pour la légitimer, il lui faut un statut comme une association loi 1901. Ensuite, la structure ainsi créée n'échappera pas à la necessité de disposer des incontournables ressources que sont :
- la main d'œuvre pour la faire fonctionner
- les fonds pour mener à bien à la mission
Alors s'il ne vous est demandé ni effort ni argent, si un simple clic suffit, il y a de grandes chances pour que le mouvement soit ce que nous appelons du "militantisme en pantoufles" (slacktivism en anglais). Cliquer sur un lien ou faire suivre un email ne soulagera la conscience que quelques secondes et les bonnes intentions finiront immanquablement par... être reconduites à la frontière.
Sources :
hoaxbuster
Rédacteur Hoax